Résumé
«L’Internet des objets» promet un second souffle à la société de l’information. Néanmoins la perte de contrôle sur la communication d’informations concernant les personnes est problématique et largement critiquée. La «promesse» de progrès social que contiennent les nouveaux services reposant sur la communication entre machines a pour corollaire l’imaginaire le plus effrayant, celui d’un espace totalitaire où les rapports anonymes n’ont plus leurs places, où les différentes facettes de l’identité numérique des personnes sont stockées de parts et autres par les agents de la puissance publique et ceux du marché. C’est donc la question de la gestion des traces numériques que nous voudrions traiter dans cet article de nature exploratoire. Notre hypothèse est que la critique portant sur l’État policier ou des nouvelles formes d’aliénation économique s’exerce à un niveau de généralité beaucoup trop élevé. Elle empêche de voir ce qui pose problème dans cette profusion en tout genre de traçabilité qui relève pour nous d’une crise de confiance (au sens de Giddens) des individus dans le mode de production des télécommunications, révélatrice d’un déficit de normalisation. Vue sous cet angle, la question de la profusion des traces et de leur gestion dépasse le problème du contrôle social pour englober également celui de la responsabilité et des modalités de la preuve, notamment en cas de défaillance du dispositif.
Abstract
The “Internet of things” is likely to give a second breath to the information society. However, the loss of control over personal information is both problematical and widely criticized. The “promise” of a better society offered by new services based on communication between machines carries with it frightening corollaries: it evokes a totalitarian space, where anonymous exchanges are no longer possible and the various traits of people’s digital identities are stored by agents of public and business powers. It is thus the management of digital tracking technologies that we wish to explore in this publication. Our hypothesis is that current criticism of a police state or of new forms of economic alienation is taking place at far too general a level. It obscures the real problem with the profusion of tracking methods, which for us reveals a crisis of confidence (as Giddens means it), at the individual level, in the means of production of telecommunications, which is the result of a deficit in the standardization process. From this perspective, the issue of the profusion of tracing technologies and their management transcends the issue of social control to encompass that of social responsibility and of modalities of proofs when the system fails.
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Kessous, E. Quand les objets deviennent communicants La mise en confiance des acteurs humains et la question des traces numériques. Ann. Telecommun. 62, 1192–1206 (2007). https://doi.org/10.1007/BF03253313
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